En parcours à l’EAV depuis près de 2 mois, je m’invite chez Franck Baechler, éleveur en Sologne. Je l’ai rencontré au cours d’une soirée, où il m’a avoué avec émotion qu’emmener ses vaches à l’abattoir était à chaque fois un crève-cœur. Je sais donc chez qui j’arrive. Du moins, je crois le savoir. Un amoureux des animaux, de ceux qui appellent leurs vaches Marguerite et privilégient le temps passé avec elles. Et ça y ressemble ! Le premier jour, lorsque je rencontre ses animaux, Franck me parle de leurs caractères, me raconte l’histoire de ses brebis rebelles, et me propose même de gratter le taureau demandeur de câlins...
Je suis suspecte : on m’a appris à me méfier des mâles et de leur impulsivité… Je me dis que Franck les connait bien, qu’il peut se permettre. Note à moi-même, de ne pas m’approcher de trop près.
Pour toutes les autres consignes, je m’applique. J’ai retenu le fonctionnement des dérouleurs et la meilleure façon de plier un filet. J’ai compris comment débroussailler des bordures de pâture, et manie l’abreuvoir sans trop de peine. J’ai la sensation diffuse qu’avec les animaux, ce n’est pas pareil. Je n’ai pas le droit à l’erreur, puisque c’est avec une âme qui m’est perceptible que je navigue. Peut-être la courgette ou le tournesol en ont-ils, une âme… Mais moi, je ne la ressens pas. Pour ce que certains appellent le bien-être animal, et que d’autres pourraient nommer décence, je cherche à retenir tous les détails qui doivent faire de moi une bonne éleveuse. Au sens matériel du terme. Je me dois de garantir le gite et le couvert aux hôtes des pâturages.
Et je m’interroge : comment savoir ce dont ils ont besoin ?